NOM FR : Laurier rose, , Oléandre ,
FAMILLE : Apocynaceae ,
BIOTOPES : Méditerranéen , Plante d'ornement, jardins ,
Description
1. PLANTE ENTIèRE : Ligneuse à port buissonnant ou arborescent (3 à 4 m)
2. FEUILLES : Opposées ou verticillées par 3, courtement pétiolées, simples à nervation pennée (nervures secondaires fines, parallèles et bien visibles), limbe non découpé, bord du limbe entier et lisse, oblongues, glabres, de consistance coriace
3. INFLORESCENCE : Fleurs blanches, roses, violettes ou mauves, à 5 pétales semblables entre eux, regroupées en corymbes terminaux. Floraison juin-septembre.
4. FRUITS : Gousses allongées avec des graines duveteuses à aigrettes
Caractères de toxicité
SYMPTOME : Cardiovasculaire: Arythmie ventriculaire , Bloc atrio-ventriculaire , Bradycardie , Arythmie
Digestif: Abdomen aigu/Colique , Diarrhée , Hypersalivation/Ptyalisme , Vomissement/Nausée
Neuromusculaire: Convulsion , Hypovigilance/Somnolence/Coma , Mydriase , Faiblesse , Tremblements/Spasmes musculaires
1. CAS DéCRITS OU EXPéRIMENTAUX : Cheval, âne, vache, buffle [1, 4], oie, poule, canard, chat [1, 2, 4], chien, chèvre, ours, homme, canari [3], singe, paresseux, cygne, camélidés, perruche, ratite [4]
Risque accru chez les mâles [4].
2. PARTIES TOXIQUES : Toute la plante, sous toutes ses formes (sèche, infusée, etc.) [1, 4, 6]
3. PRINCIPES ACTIFS : Cardénolides : oléandrine, digitoxigénine, nériine, folinérine, etc. [1] : Inhibition de la pompe Na/K-ATPase membranaire (effet cardiotonique digitoxine-like par augmentation du calcium intracellulaire) [3–5].
+ Terpène/Saponines : irritation gastro-intestinale [2, 4]
4. DOSES TOXIQUES : Plante sèche : ≥ 0,005% du poids vif [7], soit 0,01% de plante fraiche
Vache : > 46 mg/kg PV de feuilles fraiches [4, 8]
Cheval : > 26 mg/kg de feuilles fraiches [4], ou 10-20 feuilles [7]
Mouton : 110 mg/kg de feuilles sèche [9], soit 240 g/kg de feuilles fraiches
Chèvre : 440-760 mg/kg de feuilles fraiches [9]
Chien : 100 mg/kg de feuilles sèches [3, 10], soit 210 mg/kg de feuilles fraiches
Oiseaux : 0,12-0,7g plante fraiche [7], Volailles ≥ 3-6g de feuilles fraiches [3]
Biodisponibilité de l’oléandre de 30% chez la souris [6].
Teneur en matière sèche (MS) des feuilles de 46% [8]
5. CIRCONSTANCES D'INTOXICATION : Consommation ou mâchonnement spontané de la plante sèche [2, 3] (pâture, râtelier, abreuvoir, fourrage, miel) [4], d’eau infusée [1, 3] ou inhalation de fumées lors de brûlage [4]. Risques liés aux déchets de taille et au vent ou à l’erreur humaine. Pas de consommation de la plante fraiche (amère)[1, 3].
Plutôt jeunes animaux, bétail ou chevaux.
Consommation d’un animal s’étant nourri de la plante [4].
6. ORGANES CIBLES : Cœur, tube digestif
7. MODALITéS D'éVOLUTION : Intoxication aiguë, latence 3-24 h (selon dose), mort brutale en 3 à 48 h [4, 8].
Élimination rénale (90%) et hépatique [8] avec cycle entérohépatique [3].
D’abord des signes digestifs (vomissements chez les carnivores domestiques, diarrhée hémorragique ou non, douleur abdominale et ptyalisme) puis une léthargie/coma et des dysfonctionnements cardiaques mortels : tachycardie initiale brève, puis bradycardie, arythmie sévère dont blocs atrio-ventriculaires, bruit de galop, extrasystoles [1, 4–6, 9, 11]. Mort par arrêt cardiaque, sans signes cliniques si dose importante [6, 8].
Chez la chèvre, bradycardie puis tachyarythmie ventriculaire [9].
Si survie, risque de défaillance organique suite au choc, et persistance d une tachyarythmie transitoire possible [4, 5].
Utilisation pharmaceutique
DESCRIPTION : Index thérapeutique étroit [3]
Cardiotonique
Traitement spécifique
DESCRIPTION : Antidote : FAB fragments antidigitoxine (efficacité en humain et chez le chien) [3–5].
Traitement non spécifique :
- Décontamination précoce : lavage gastrique, si inefficace ou impossible gastrotomie/ruminotomie avec transfaunation [6], charbon activé [3, 4],
- Fluidothérapie : NaCl 0,9% (éviter les fluides contenant du K+) [2, 5].
Traitement spécifique :
- Bradycardie : Atropine [1, 12]
- Anti-tachyarythmique : traitement standard peu efficace, fructose -1,6-diphosphate chez le chien (bolus 50 mg/kg de FDP 10% ) [4, 13]
- Monitorage : ECG, désordres électrolytiques (risque d’hyperkaliémie sévère [2, 5, 7] et d’hypocalcémie [2, 5])
- Correction de l hyperkaliémie et de l’hypocalcémie.
Cas de guérison décrit chez le chien, cheval en 2 à 7j avec traitement [4, 5].
Diagnostic
1 : Identification macroscopique de la plante dans le tube digestif [1]
Détection dans sérum, contenue digestif, urine [11], tissus [11] (réaction croisée avec dosage immunologique multiple de la digoxine) [1, 14], dosage possible [11].
Lésions (autopsie)
1 : Non spécifique et non systématiques [1] : hémorragies, dont pétéchies sur tous les organes et tissus sous-cutanés, congestion généralisée, œdème pulmonaire, liquide sérohémorragique dans les cavités (pleurale, abdominale, péricardique….) [4, 8], si mort lente : nécrose et fibrose du myocarde [4].
Bibliographie
1. : FROHNE, D. et PFÄNDER, H.J. Poisonous Plants: A Handbook for Doctors, Pharmacists, Toxicologists, Biologists and Veterinarians. Timber Press, 2005. ISBN 978-0-88192-750-4. 488p.
10 : CLARK, R.F., SELDEN, B.S. et CURRY, S.C. Digoxin-specific Fab fragments in the treatment of oleander toxicity in a canine model. Annals of Emergency Medicine. 1991. Vol. 20, n° 10, pp. 1073‑1077.
11. : BUTLER, J., KHAN, S. et SCARZELLA, G. Fatal Oleander Toxicosis in Two Miniature Horses. Journal of the American Animal Hospital Association. 2016. Vol. 52, n° 6, pp. 398‑402. DOI 10.5326/JAAHA-MS-6433.
2. : POPPENGA, R.H. et GWALTNEY-BRANT, S.M. Small Animal Toxicology Essentials. Wiley-Blackwell, 2011. ISBN 978-0-8138-1538-1. 320p.
3. : LANGFORD, S.D. et BOOR, P.J. Oleander toxicity: an examination of human and animal toxic exposures. Toxicology. 1996. Vol. 109, n° 1, pp. 1‑13.
4 : BURROWS, G.E. et TYRL, R.J. Toxic plants of North America. 2nd ed. Second. USA : Wiley-Blackwell, 2013. ISBN 978-0-8138-2034-7. 1390p.
5 : PAO-FRANCO, A., HAMMOND, T.N., WEATHERTON, L.K., DECLEMENTI, C. et FORNEY, S.D. Successful use of digoxin-specific immune Fab in the treatment of severe Nerium oleander toxicosis in a dog. Journal of Veterinary Emergency and Critical Care (San Antonio, Tex.: 2001). 2017. Vol. 27, n° 5, pp. 596‑604. DOI 10.1111/vec.12634.
6 : SOTO-BLANCO, B., FONTENELE-NETO, J.D., SILVA, D.M., REIS, P.F.C.C. et NÓBREGA, J.E. Acute cattle intoxication from Nerium oleander pods. Tropical Animal Health and Production. 2006. Vol. 38, n° 6, pp. 451‑454.
7 : PETERSON, M.E. et TALCOTT, P.A. Small Animal Toxicology. 3rd. Elsevier Health Sciences, 2013. ISBN 978-1-4557-0717-1. 955p
8 : ORYAN, A., MAHAM, M., REZAKHANI, A. et MALEKI, M. Morphological Studies on Experimental Oleander Poisoning in Cattle. Journal of Veterinary Medicine Series A. 1996. Vol. 43, n° 1‑10, pp. 625‑634. DOI 10.1111/j.1439-0442.1996.tb00496.x.
9 : BARBOSA, R.R., FONTENELE-NETO, J.D. et SOTO-BLANCO, B. Toxicity in goats caused by oleander (Nerium oleander). Research in Veterinary Science. 2008. Vol. 85, n° 2, pp. 279‑281. DOI 10.1016/j.rvsc.2007.10.004.